Étape 4 : 82,5 km
8h15, c’est parti pour l’étape longue, je sais que je pars pour au moins 24 heures (sans les arrêts). Je fais le guignol sur la ligne de départ avec les copains pour me rassurer mais au fond de moi je suis loin d’être serein. La nuit a été moyenne avec un mal au ventre qui a repris. Comme depuis le début, je pars tranquillement en marchant. De toute façon, vu le poids de mon sac et la distance à parcourir, il est hors de question pour moi de courir car je sais que si j’arrive au bout de cette étape, les 42 kilomètres de la dernière étape seront faciles et que je serai finisher.
On enchaine entre terrain sablonneux et caillouteux. On traversera un lac salé, un village, une belle montée sablonneuse pour arriver au sommet du Jebel EL ABETH. Le CP 1 est au km 13 (12,7). Comme tous les jours, je m’arrête pour faire le plein d’eau dans mes gourdes, manger (enfin essayer) et me reposer un peu pour faire descendre la température de mon corps. Je repars avec pour objectif le CP2 situé au km 25,6. Il fait toujours aussi chaud et le terrain n’aide pas, c’est vallonné, caillouteux, des passages sablonneux et bien sur encore des dunes sur 3km avant d’arriver au CP2.
Au CP2, je fais un arrêt chez les docs, j’ai des douleurs gastriques et les 2 talons cotés extérieur qui me font souffrir (1 grosse ampoule sur chaque talon). Prise d’un Spasfon, strap sur mes talons (pas de soins d’ampoules pendant la course) et 45 minutes de repos et je repars avec Antony qui me demande si ça ne me dérange pas. Bien au contraire, cela me fera du bien car depuis le départ je suis comme J.-J. Goldman, « Je marche seul » ! ! ! La sortie du CP est vallonnée et sablonneuse avec la montée (+12%) du Jebel LAHNOUNE. On discute, Antony me dit qu’il vient du centre de la France, d’une petite ville du nom d’Henrichemont. Ayant passé mon enfance dans le Berry, je lui dis que je connais et nous voilà parlant du crottin de Chavignol, du Sancerre et du Menetou….
CP3 en vue, 1h30 d’avance sur la barrière horaire, on est bien. On se pose et on mange. Ce soir à la carte nous avons pâtes sauce fromage et compote accompagnés d’1 litre d’eau pétillante grâce au sachet d’IDROLITINA que j’ai acheté avant de partir. Un pur bonheur de boire cette eau pétillante. La nuit est tombée, nous repartons après 50 minutes de pause à la lumière de nos frontales. Maintenant il va falloir suivre les Cyalumes (bâton lumineux aussi appelé SnapLight) comme balisage.
Dans un champ de dunettes de plus de 2 kilomètres, je perds de vue Antony qui avance trop vite pour moi. Ne voulant pas me mettre dans le rouge, je reste à mon rythme et me retrouve tout seul. J’ai les épaules douloureuses dues au poids de mon sac et décide de me poser un peu. Je trouve un petit rocher plat et pose mon sac dessus. Ça le lève et me permet de pas l’enlever tout en soulageant mes épaules. Allongé dans le sable, je regarde le ciel et les étoiles. C’est un spectacle magnifique, je n’ai jamais vu le ciel comme cela, je vois la voie lactée c’est tout simplement superbe ! ! !
Après une bonne vingtaine de minutes de repos et d’extase devant ce magnifique spectacle, je me décide à repartir. Au moment où je me lève, 2 concurrents arrivent. Le 1er (Richard) me dit « il a l’air bien ton rocher, tu me le prêtes ? » Je rigole et lui réponds « Bien sûr, mais je te laisse le porter pour la suite ! ». Il s’assoit et dit à son compagnon (Alexandre) « On fait 5 minutes de pause ». Ils me demandent si je suis venu seul et comme ma réponse est oui, Alexandre et Richard me proposent de venir avec eux au moins jusqu’au CP4 au km 50,8.
On passera les 8 km qui nous séparent du CP à parler d’entrecôte sauce roquefort avec frites maison, de saucisson et bien d’autre bouffe. Au CP, nous décidons de dormir au moins 1h. Ma montre n’a pas tenue et il faudra que je fasse les 30 derniers km sans. Après une bonne heure de sommeil, nous sommes repartis du CP4 en compagnie de Pierre qui n’avait plus de lampe frontale. Un peu plus de 11 kilomètres à parcourir pour rejoindre le CP5 à travers un terrain caillouteux, de terre battue, un champ de dunettes éparses sur un peu plus de 2km et la traversée de l’oued RHERIS.
A la sortie de l’oued, nous longeons le Jebel (montagne) EL OTFAL à notre gauche et nous voyons la lumière des frontales l’escalader. Au loin, la lumière du CP5 fait du bien. On se pose sur des chaises longues, Alexandre, Pierre et Richard feront une petite sieste pendant que moi je vais boire un thé à la menthe proposé sur le CP et je vais en profiter pour me masser les comme chaque matin avant le départ avec l’huile essentielle préparée spécialement pour mon MDS par
Pascale Muscat gérante de la société Archipel Parfum, petite société Ignyssoise . Une huile à base de lavande, de gaulthérie, d’eucalyptus, de menthe poivrée, de basilic et de cyprès. Une pure merveille cette huile. Je profiterai également du lever de soleil au milieu de ce désert, un moment magique ! ! !
7h20, nous partons à l’assaut des 30 derniers kilomètres de cette étape longue et on commence par la montée du Jebel EL OTFAL. Montée alternant parties rocheuses et sable avec 25% de pente moyenne jusqu’au sommet. Avec mon gabarit et le massage à l’huile magique d’ARCHIPEL PARFUMS, je fais une montée en tête de notre petit groupe. Arrivé en haut, nous prenons le temps de prendre des photos et d’admirer la vue de ce paysage superbe qui se trouve devant nous. La personne de l’organisation qui se trouve en haut me dit « Maintenant c’est de la descente roulante sur 1KM » ... Euh, je crois que ce monsieur n’avait pas la même définition que moi du terme roulant car c’est une descente dans un lit rocheux. Je fais une belle descente en étant attentif où je pose mes pieds et je perds de vue mes camarades. Arrivé en bas, j’aperçois les copains mais ils sont loin, je décide alors d’entrer dans les dunes et de faire ensuite les dunettes jusqu’au CP6 tout seul.
J’ai retrouvé mes jambes, je me surprends même à courir à la sortie des dunettes sur les 2 derniers kilomètres pour arriver au CP6 au km 72,7.
Je prends mes 2 bouteilles d’eau et me pose 30 minutes. Comme à mon habitude, je recharge mes flasques et mange un peu (de la viande séchée). Il fait une chaleur insupportable, c’est étouffant. Au pied de la poubelle se trouvent plusieurs bouteilles d’eau que les concurrents passés avant moi n’ont pas terminées. Certaines sont presque pleine alors j’en profite pour m’arroser tout le corps ainsi que ma casquette et mon buff avant de repartir. Au moment où je pars, Alexandre et Richard arrivent au CP. Je les remercie pour leur aide et m’excuse de pas rester avec eux car j’ai retrouvé mes jambes et j’ai envie d’en terminer avec cette étape longue. Très gentiment Alexandre me dira, « Pas de soucis, vas-y, profite ! ». Je repars pour les 10 derniers kilomètres dans une plaine sablonneuse jusqu’au bivouac. A 50 mètres de la ligne, l’émotion me gagne, il est impossible de contenir mes larmes. Je suis épuisé mais tellement content d’avoir terminé cette étape longue. J’aurais mis 28 heures 30 pour arriver au bout. Je regagne ma tente et m’effondre d’épuisement devant mes 2 compagnons de tente Dorian et David. Je passerai le temps qu’il me reste chez les docs pour soigner mes talons et me reposerai avec une petite sieste et la lecture des messages reçus via le site avant d’aller accueillir Sixtine ainsi que les derniers concurrents sur la ligne d’arrivée. En début de soirée, nous aurons le droit à un COCA COLA bien frais. J’ai dû battre le record du monde de vidage de canette 33cl. En 2 gorgées elle était vide. Après un bon repas (pâtes sauce fromage, fromage blanc aux fraises et une crème au chocolat) lyophilisé bien sûr, c’est le ventre plein que je me couche en pensant à l’étape marathon du lendemain matin.